
Le tout premier Apéro des Photographes s’est tenu au studio le 16 octobre, autour d’un sujet aussi actuel : l’arrivée massive de l’intelligence artificielle dans nos outils et nos pratiques. Ce moment d’échange entre pros de l’image a permis de faire émerger à la fois des enthousiasmes et des inquiétudes, dans une ambiance bienveillante et stimulante.
Ce qui ressort du côté des enthousiasmes
L’IA est largement perçue comme un outil puissant et déjà utile au quotidien. Elle permet de gagner un temps précieux, notamment sur la retouche, le détourage, les corrections et l’optimisation du workflow. Les outils sont de plus en plus accessibles, rapides, efficaces, et permettent de se concentrer davantage sur la partie créative ou relationnelle.

L’unanimité s’est faite sur un point : la prise de vue, le regard, la lumière, le lien avec le sujet… restent des savoir-faire profondément humains, irremplaçables à ce jour. Pour l’instant, aucune IA ne peut réellement reproduire ce que l’on vit sur le terrain.
Même les photographes qui n’ont pas encore exploré ces outils reconnaissent que l’évolution est rapide. Il ne sera pas possible de rester à l’écart bien longtemps : il faudra, tôt ou tard, “prendre le train en marche”.
Les inquiétudes et questionnements soulevés
Les échanges ont fait émerger plusieurs préoccupations fortes.
La désinformation d’abord : l’explosion d’images générées, parfois impossibles à distinguer du réel, pose un vrai problème. Sur les réseaux, il devient de plus en plus difficile de discerner ce qui a été capturé, ce qui a été modifié, et ce qui n’a jamais existé. La confiance dans l’image, pilier du métier, pourrait en être profondément altérée.
Ensuite, la question des droits d’auteur. À qui appartiennent réellement les images produites par une IA ? Peut-on les vendre ? Peut-on se dire auteur d’un contenu généré par algorithme ? De nombreuses zones d’ombre subsistent.
Enfin, certains ont souligné le risque d’un effet cumulatif entre l’utilisation d’images générées à bas coût et la concurrence qui tire les prix vers le bas. Cette double pression technologique et économique pourrait à terme fragiliser toute une partie de la profession.
Une conviction forte : remettre l’humain au centre
Ce qui est revenu à plusieurs reprises durant le débat, c’est l’idée que le regard du photographe, sa posture, son travail d’auteur, doivent redevenir une signature forte. Oui, notre rôle est aussi de proposer une expérience 100 % humaine, de A à Z, avant de céder à la fascination pour l’IA.
Cette posture, loin d’être un rejet du progrès, est une forme d’engagement pour une photographie qui incarne, raconte et relie. Un métier vivant, ancré, en contact avec le réel.
En conclusion
L’intelligence artificielle ne va pas faire disparaître le métier de photographe. Mais elle bouscule nos repères, nos outils, et nos façons de travailler. Elle nous pousse à redéfinir notre valeur, notre message, notre posture.
Plus que jamais, comme dans d’autres formes d’artisanat (la cuisine, la mode, la création manuelle) le fait main devient un choix de société. Chacun pourra décider où il préfère se nourrir, s’habiller… ou se faire photographier.
Et notre rôle, en tant que photographes, sera d’être clairs sur ce que nous proposons, pourquoi nous le faisons, et pour qui.